(30) Comme des propositions de nature psychanalytique par exemple. Les propositions de la psychanalyse sont irréfutables empiriquement puisque n'importe quel comportement humain passé, présent ou futur peut être expliqué par ces propositions. Ceci a comme conséquence, qu'en prétendant tout expliquer, ces propositions n'expliquent en fin de compte rien du tout, c'est-à-dire qu'elle sont vides de tout contenu empirique. Citons Albert Einstein à propos des mathématiques (le jugement vaut tout autant pour la psychanalyse): "Dans la mesure où les propositions de la mathématique se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines et dans la mesure où elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité." Puis Karl R. Popper: "Je […] généraliserai des mathématiques à la science: dans la mesure où les propositions de la science se rapportent à la réalité, elles ne sont pas certaines et dans la mesure où elles sont certaines, elles ne se rapportent pas à la réalité." Karl R. Popper, in: "Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance". Edition: Hermann. Paris, 1999. Page: 10. Notons qu'au contraire de Popper, Adolf Grünbaum prétend que certaines propositions de la psychanalyse sont réfutables, mais que même dans ces conditions, aucune d'entre elles n'auraient résisté à des tests extra-cliniques (c'est-à-dire des tests indépendants comme l'exige la méthode scientifique). Bien que nous ne soyons que partiellement en accord avec certains arguments de Grünbaum qui nous semblent donner une idée fausse des arguments de Popper, le lecteur pourrait avantageusement se référer au chapitre 11 intitulé: "Coda sur la fabrication des mythes exégétiques dans le réquisitoire de Karl Popper contre la validation clinique de la psychanalyse". Pages 413 à 429, dans le livre de Grünbaum: "Les fondements de la psychanalyse". Edition: PUF. Paris, décembre 1996.

(31)  Pour une discussion sur les concepts de "prédiction", "dynamique", "loi d'évolution", "tendance", que nous utilisons dans cet article, nous nous référons une fois encore à Karl R. Popper dans l'ouvrage cité plus haut et s'intitulant : "Misère de l'historicisme". On pourra lire par exemple :
 Pour le concept de "prédiction" (ou de prévision) : chapitre 2, section 11, et chapitre 4, section 28 ;
 Pour le concept de "dynamique" : chapitre 2, section 13, puis chapitre 3, section 26.
 Pour les "lois d'évolution" : chapitre 4, section 27.
 Pour le concept de "tendance" : chapitre 4, section 27.

Pour donner un exemple de tout ceci, imaginons, conformément à ce modèle,  le processus (partiel) d'acquisition de la compétence à respirer pour la nage du crawl :

(A) = "je peux nager vite en crawl mais j'inspire constamment tête hors de l'eau."
Commentaire : nous conjecturons qu'un tel énoncé renvoie à une classe de problèmes concernant, notamment, la représentation qu'a le pratiquant de l'efficacité de sa nage lui permettant de dire qu'il "nage vite". On notera, qu'à ce niveau de représentation, le pratiquant n'a probablement rien résolu des problèmes qui se posent au niveau d'une respiration bien adaptée pour le crawl, particulièrement au niveau de la gestion de l'aspect énergétique de la respiration ("je peux nager vite, selon moi, mais pas en immergeant la tête, ce qui rend les choses trop difficiles, par ailleurs, pour maintenir ma vitesse de nage"...).
Méthode : l'enseignant, selon notre modèle, proposerait au pratiquant une situation d'apprentissage dans laquelle il va devoir nécessairement dépasser ses pouvoirs actuels en les réfutant. Ici, en prenant conscience que l'on ne peut pas nager aussi vite qu'un autre pratiquant d'un même niveau initial, si ce dernier a déjà appris à nager en immergeant régulièrement sa tête. Donc qu'il y a quelque chose de contradictoire en (A), à savoir que nager vite en crawl est incompatible avec le fait de garder la tête hors de l'eau , et que cette contradiction révèle la fausseté de (A). Cette situation d'apprentissage pourrait être une confrontation contre un autre pratiquant, avec au préalable (et si nécessaire) le contrôle par le pratiquant concerné par le problème à résoudre que son concurrent a sensiblement les mêmes caractéristiques que lui : niveau de départ, taille, poids, envergure, etc..
Résolution : une fois le problème résolu, c'est-à-dire une fois obtenues les modifications comportementales souhaitées (immerger régulièrement la tête dans l'eau, etc.)  notre pratiquant deviendrait capable d'accéder au niveau de réprésentation suivant:

(B) = "je peux nager vite en crawl mais seulement en immergeant la tête de manière régulière.Cependant, je ne peux pas nager longtemps par rapport à cet autre élève (ou je nage encore significativement moins vite pour des raisons que j'ignore encore) et j'ai tendance à inspirer de temps en temps en orientant le visage vers l'avant."
Commentaire : une fois atteinte cette nouvelle classe de problèmes, il reste comme pour (A) à définir une situation pour permettre à l'élève de passer à une classe de problème d'un niveau supérieur, qui sera, comme on l'aura compris, toujours définie selon les connaissances que l'on souhaite voir acquérir.
Methode : dans sa structuration, la méthode serait identique au cas précédant.
Résolution :

(C) = "je peux nager vite et même aussi vite que cet autre pratiquant. De plus je ne met plus le visage vers l'avant. Mais j'éprouve toujours un certain inconfort lors de l'inspiration que je n'arrive pas à éliminer."
Commentaire : notons qu'à ce stade, si le pratiquant ne met plus jamais le visage vers l'avant pour respirer en crawl et s'il se maintient dans une certaine zone de performance, nous pouvons considérer que cette stabilisation des comportements prend toutes les apparences d'un "Savoir". Il est en effet fort peu problable qu'une fois atteint un très haut niveau de pratique en crawl, le pratiquant se mette subitement à inspirer, ne serait-ce qu'une seule fois, en orientant le visage vers l'avant (en tout cas je ne crois pas qu'il ait été donné de voir ce genre de faute grossière à partir d'un certain niveau de pratique, ou alors juste avant d'effectuer une culbute). Dès lors, on considérera que notre idée selon laquelle il est impossible d'acquérir des "savoirs" est totalement fausse, et surtout dans le domaine de l'apprentissage moteur, ou que nous avons choisi un mauvais exemple. Mais ce serait occulter l'argument essentiel selon lequel, dans le cas de la respiration en natation, le fait de bien respirer ou de "respirer parfaitement", ne se limite pas seulement au fait de ne plus mettre le visage vers l'avant lors de l'inspiration en crawl. Et il se peut que les problèmes respiratoires subsistant comme "composantes perturbatrices" pour un nageur de haut niveau proviennent de sensations d'inconfort respiratoire elles-mêmes dues au fait que des problèmes respiratoires du niveau de (A) (comme celui que nous avons décrit) n'ont pas "parfaitement" éte résolus : même si le nageur ne met plus le visage vers l'avant pour inspirer, le fait d'avoir "résolu" ce problème a provoqué une "adaptation" au niveau du temps d'inspiration, qui n'étant pas immédiatement perceptible, a fini par engendrer une sensation d'inconfort difficile à éliminer en raison des progrès réalisés par ailleurs au niveau de la propulsion (en allongeant le trajet moteur, la durée et le placement idéal de l'inspiration ont été perturbés). Le problème de la respiration est relatif aux classes de problèmes concernant la propulsion et l'équilibration, et ces classes de problèmes, demeurent, tout en évoluant avec le niveau de pratique : le nageur russe Alexander Popov par exemple (nous ignorons quels sont les problèmes techniques de ce nageur) n'est pas resté invaincu sur 100 mètres nage libre si longtemps sans constamment paufiner, adapter sa technique car la concurrence travaille aussi (...) et l'adversité pousse continuellement à progresser.
 
 

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